Annexes

Reconstitution des ménages de MARIEMBOURG de circa 1640 à 1930

Carte de Jacques de Deventer.

Carte de Jacques de Deventer

Philippe II, qui succéda à son père Charles-Quint, quitta définitivement nos régions, en embarquant à Vlissingen le 26/08/1559.

Voulant avoir à Madrid des plans et cartes de ses possessions "par deça", il avait chargé quelques années auparavant, Jacques Roelofs dit de Deventer, " …de visiter, mesurer et desseigner toutes les villes de pardeça, aussy les rivières et villaiges voisins, semblablement les passaiges et destroicts des frontières et le tout rédiger en un livre contenant pourtraict de chaque province, en quoi luy conviendra vacquer plus de deux ans …".

Aujourd'hui, les cartes et minutes qui ont pu résister aux ravages du temps, se trouvent à Madrid et à Bruxelles. Elles ont connu une première publication fin du XIXème.

Une notice historique rédigée par le général Wauwermans, accompagnait cette publication en ce qui concerne Mariembourg.

Le texte original est repris ci-après in extenso :

MARIENBOURG

 

Marienbourg est situé dans l'Entre-Sambre-et-Meuse, au confluent d'une petite rivière, l'Eau-Blanche, qui prend naissance dans la forêt de Thiérache, et du ruisseau la Brouve (ou la Brouffe), qui vient du bois de Cerfontaine. Cette ville se trouve au croisement de la route conduisant de Chimay à Agimont et de celle qui, de Châtelet, se dirige vers Rocroi, par Couvin.

 

Marienbourg doit son origine à une conception stratégique du règne de Charles-Quint. La région de l'Entre-Sambre-et-Meuse, fortement boisée et coupée de nombreux ravins creusés par des courants d'eau torrentueux; a eu de tout temps une grande importance militaire, ainsi qu'en témoignent les nombreux vestiges de camps romains et les ruines de châteaux du moyen âge que l'on y rencontre à chaque pas. Plus tard, elle devint l'un des refuges préférés des reîtres et soudarts débandés, en quête de services, qui y vivaient comme dans la Thiérache sous le couvert des bois, des pillages qu'ils étendaient dans la contrée environnante et contre lesquels les habitants avaient sans cesse à se garder. Ce pays formait une sorte de bastion naturel, défendu par la forme du sol et la forêt, à cheval sur la frontière qui sépare la Belgique de la France. Sur ses deux flancs se trouvent des ouvertures de cette frontière, devenues célèbres dans l'histoire des guerres, sous la dénomination de trouée de la Meuse, conduisant de Mézières et de Givet à Namur et de trouée de l'Oise , comprise entre Maubeuge et Valenciennes.  Maïtre de l'Entre-Sambre-et-Meuse, le défenseur de la frontière peut y concentrer ses forces et les porter à volonté au devant de l'ennemi qui cherche à forcer l'un ou l'autre de ces passages ; tandis que dépourvu de cette ressource, il doit les diviser, afin de disputer le passage à un adversaire qui conserve toute facilité pour se porter inopinément de l'un ou de l'autre côté à couvert des forêts.

 

En 1542, Martin Van Rossem, maréchal de la Gueldre, passa dans l'Entre-Sambre-et-Meuse, à la tête de 16.000 hommes, pour porter secours au duc d'Orléans, qui assiégeait Yvoy (Carignan).

Après avoir traversé toute la Belgique, il pénétra par Châtelet,  se porta sur Couvin et de ce point gagna Agimont, pillant tout sur son passage. Après la prise d'Yvoy, l'étrange résolution prise subitement par le duc d'Orléans, de renoncer à la conquête du Luxembourg, faisait craindre que Van Rossem ne cherchât à regagner la Gueldre, soit par le duché de Juliers, soit par la route qu'il avait suivie précédemment. D'après les ordres de Charle-Quint, Pierre de Warchin resta à l'observer sur la première route, entre Marche et Chiny et le duc d'Aerschot, sur la seconde, entre Walcourt et Chimay. L'empereur prescrivit en outre à la gouvernante, Marie de Hongrie, d'établir un poste retranché, en travers de la route de l'Entre-Sambre-et-Meuse pour "copper l'entrée des ennemys ès pays en temps de guerre et préserver les povres subjects d'un costé et d'austres des courses, pilleries et roberyes des dicts ennemys". Cette forteresse devait être aussi réduite que possible, un véritable château, afin de n'immobiliser que peu de troupes, mais construite d'après les principes de la fortification moderne italienne, que Donato de Bony Pellizuoli avait déjà appliquée à Gand en 1542, l'expérience ayant démontré l'insuffisance de l'ancienne fortification du Moyen âge.

 

L'Eau-Blanche, assez mal dénommée, car elle charrie une grande quantité de limon, est arrêtée dans son cours par un seuil compris entre les hauteurs de Frasne (Fresne ou Fraisne), au sud, et la Tienne-aux-Pauquis (Tienne au Buis), au nord ; ce barrage, un peu en aval de la jonction de la Brouffe, a formé une belle plaine d'alluvion, véritable oasis au milieu du pays boisé et aride couvert par la forêt Charbonnière. Ces terres cultivables avaient été cédées en 1134 par le prince-évêque de Liège à l'abbaye de Floreffe pour y construire un prieuré, entouré d'une exploitation rurale, qui prit le nom de Prieuré del Brouffe "Brouffle ou Vérofle". Ce fut l'endroit choisi pour l'établissement de la nouvelle forteresse, qui devait trouver par la culture de la cense du prieuré des ressources précieuses pour la subsistance de la garnison. Elle reçut, en l'honneur de la régente le nom de Mariemburg, Maribourg et Mariebourg, dont l'orthographe s'est définitivement fixée en Marienbourg. Son emplacement fut fixé près du Pont-à-Fresne, à petite distance de l'oratoire ou chapelle du prieuré, qui subsiste encore dans le cimetière de la ville.

La forteresse de Marienbourg fut projetée en 1542 ; mais on ne mit la main à l'œuvre que quatre ans plus tard, en juin 1546. On ignore le nom de l'ingénieur qui dressa le plan de la place ; on sait seulement, par un acte de 1593, que l'architecte Jacques Broeucq (ou Beuck) assista " les ingénières" de l'empereur. En 1546, Art Melckeman fut "commis à la recepte des deniers ordonnez pour l'édification du nouveau fort que l'empereur faict faire présentement auprès du Pont-à-Fresnes, nommé Mariebourg". En 1549, les travaux étaient déjà assez avancés pour que Charles-Quint pût venir les visiter en compagnie de ses deux sœurs Marie et Eléonore. La cour passa deux jours à Marienbourg et se livra aux plaisirs de la chasse dans la forêt.

Philibert de Martiny de Hérinsart fut nommé capitaine et gouverneur de Marienbourg, sous la surintendance du comte de Lalaing.

L'évêque de Liège avait déjà été sollicité précédemment par les habitants de Couvin et de Châtelet de construire cette forteresse " parce qu'ils étoient sans cesse ravagés par les François". L'évêque recula devant la dépense, mais consentis avec empressement à l'offre que lui fit l'empereur, de s'en charger. Celui acquit le terrain de Godefroid de Martiny, abbé de Floreffe, par un acte daté de 1542. Restait à régler la question internationale, car le territoire appartenait à la principauté de Liège ; l'empereur concéda au prince-évêque, Georges d'Autriche, la seigneurie de Herstal, qui lui appartenait comme fief du Brabant, en échange d'un territoire d'étendue équivalente, à déterminer par une commission d'experts, autour de Marienbourg. Un traité sur cette base fut conclu en 1548. Ce traité stipulait, en outre, " qu'à leur entrée en fonction, les capitaines du fort jurerait dans les mains de l'évêque, de ne point endommager, ni laisser endommager les habitants par leurs gens de guerre, ni de les contraindre de faire le guet et garde, ou autre servitude".

En 1542 le roi de France Henri II, rompant la paix de Crépy, dirigea un corps de troupes sur l'Entre-Sambre-et-Meuse pour s'emparer de Marienbourg ; il fut repoussé. Mais l'opération fut reprise en avril 1553 par le connétable de Montmorency. Marienbourg, assiégé, ne se défendit que faiblement, soit trahison, soit incapacité du gouverneur, et se rendit au mois de juin.

Les avantages stratégiques que Charles-Quint avait cherché à créer, en faveur des Pays-Bas, dans l'Entre-Sambre-et-Meuse, passèrent ainsi au bénéfice de la France. Henri II changea le nom de la ville, qu'il nomma Henribourg, et lui donna pour gouverneur le maréchal de Cossé de Gonnor. 

Pendant sept ans, Marienbourg fut l'objectif stratégique des Impériaux, qui essayèrent vainement de la reprendre. La garnison française étendit ses dévastations dans tout l'Entre-Sambre-et-Meuse. Marienbourg ne fit retour aux Pays-Bas que par le traité de Câteau-Cambresis du 3 avril 1559.

Elle demeura longtemps un sujet de convoitise et de contestation entre la France et les Pays-Bas. En 1831, sa démolition fut résolue par la convention dite des Forteresses du 14 décembre.

(s) Wauwermans.

Note complémentaire

 

La superficie des terrains échangés (Herstal / Mariembourg) était de 2.019 bonniers.

La valeur d'un bonnier en "Pays de Liège" était de 87,12  ou 87,188 (selon deux sources différentes), soit une superficie de circa 1760 ha.

En 1976, lors de la fusion des communes, Mariembourg ne s'étendait plus que sur 592 ha.

(Info. Adm.cle de Couvin)

De fait la valeur d'un bonnier variait d'une région à l'autre :

1 bonnier est équivalent à 81,14 ares à Anderlecht, 83.56 ares à Nivelles, 88.65 ares à Jodoigne, 94.56 ares à Namur, 111.6 ares à Gembloux et 121.66 ares à La Hulpe, etc…

(voir e.a. le "Dictionnaire de Généalogie" 2001 - Labor - de Léon Roy)



Assemblée générale des bourgeois de Mariembourg

 

29 juin 1789 : Assemblée générale des bourgeois de Mariembourg, en vue d'un partage de froment et seigle.

(Notaire Brachet – AEN 4684)

 

Voir infra les signatures des bourgeois de Mariembourg.

 

Aujourd'huy vingt neuf juin mil sept cent quatre vingt neuf par devant nous Greffier notaire royal de cette ville de Mariembourg soussigné et en présence des témoins en bas dénommés, comparurent les bourgeois habitants de laditte ville aussi soussignés, lesquels duement assemblés après le toxin battu et avoir délibéré entre eux la manière de distribuer les grains qu'a fait venir des Magasins de Givet, Mrs du Magistrat de cette ville sont convenu des points suivants savoir :

 

1° que commettent et constituent le Sieur Jacques Lefevre habitant de ce lieu pour mesurer distribuer et recevoir les payements desdits grains qui sera ci-après désigné suivant les ordres que lui donnera Mrs du Magistrat pour quel ouvrage lesdits comparants lui accorde un sol par chaque mesure au par dessus du prix principal

 

2° que le prix desdits grains a eté fixé par les dits comparants fixé à huit livres de France la mesure de froment et cinq livres, même monnaye celle de seigle

 

3° que suivant les billets que Mrs du Magistrat remettra audit Lefevre,  il mesurera la quantité  et qualité des grains y dénommé et recevra le prix ci dessus arrêté et au par dessus seront obligé ceux qui recevront lesdits grains de fournir sur le champ bonne et suffisante caution pour sureté de remplacer le surplus qui pourrait couter les grains lors du remplacement qui doit se faire entre les mains du Sieur toupet desvignes quand Mrs de Givet lui feront la demande lesquels cautions demeureront avec leur principal solidairement obligé en cas de …. sous les obligations de tous leurs biens meubles et immeubles present et avenir  pour y avoir recours faute d'accomplissement du … par les voyes usitées le tout quoi sera payé comptant

 

4° que lon delivreroit cinq sacs desdits grains de seigle et moitié froment pour etre diverti en pain et distribué aux pauvres sous l'administration de Mrs du Magistrat lequel pain sera cuit par les trois boulangers qui se chargent de faire du bon pain et proportioné du rapport du grain qui seront delivrés aux pauvres savoir la valeur d'un sac par semaine

 

5° quil seroit delivré a un boulanger a denommé une quantité de grain a calculer par Mrs du Magistrat, pour être cuit et delivré aux habitants qui ne se prendront point en nature au prorata de menages sur des billets desdits Mrs du Magistrat, lequel boulanger sera chargé de tout risque et sera obligé de la payer aux prix fixés et fournira une bonne caution pour le remplacement du surplus, comme dit est, et devra le vendre qu'aux dits habitants à raison de deux sols six deniers la livre de pain de froment et deux sols la livre de celui de seigle le tout bien condissionné

 

6° que lesdits comparants dechargent Mrs du Magistrat pour le remplacement desdits grains et lui demeureront chargé en leur propre et privé nom se faisant fort les uns pour les autres, bien entendu. Cependant que Mrs du Magistrat le demeureront pour leur quote part et comme simple bourgeois

 

7° que ledit Sieur Lefevre sera obligé de verser ses fonds toutes les semaines ens mains de M De Marsac Commandant de cette ville s'il veut bien s'en charger et comment na pas paru le desirer, il les remettra entre celles du Sieur Brachet père. En outre ledit Lefevre de preter caution suffisante pour assurance d'une bonne administration

 

Ainsi fait et dressé le present procès verbal en presence de Monsieur de Marsac commandant pour le Roy en cette ville , du Sieur Brachet père et Biard père les jours mois et an susdits et ont les comparants signés avec nous :

Signature Bourgeois 1.jpg   Signature Bourgeois 2.jpg   Signature Bourgeois 3.jpg